La semaine dernière, nous avons eu écho de la conférence donnée par Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, qui a fait le résumé de l’année 2020 : + 5,9 % d’augmentation pour 21,1 milliards d’euros de CA au total et une hausse des bénéfices de 34 %. À la suite de ce tableau positif, Lactalis annonce une hausse du prix payé aux producteurs pour cette année 2021 avec un marché beurre-poudre qui tire à la hausse.
En effet, la conjoncture laitière semble au beau fixe au cours du 1er semestre : le beurre affiche + 700 E/t et la poudre + 300 E/t en quinze semaines, à cela s’ajoute une légère baisse de la production européenne (- 0,9 % de production journalière). Plus particulièrement en Allemagne, mais également en France, où la collecte a reculé de 3 % au 1er trimestre par rapport à 2020. Parmi les bonnes nouvelles, nous avons également les consommateurs qui acceptent de payer plus cher leurs produits laitiers afin de mieux rémunérer le producteur laitier. Nous en avons eu la preuve en image grâce à nos interviews, réalisées au mois de janvier, des clients dans les rayons des magasins (Action agricole picarde du 5/02/21). De plus, à la suite des négociations commerciales annuelles et l’avancement de la loi EGAlim, certaines GMS ont joué le jeu et appliqué des augmentations de prix.
Chez les producteurs laitiers, le tableau est beaucoup moins positif et le revenu n’est pas là. L’année 2021 débute avec une forte hausse des charges, notamment le concentré avec + 100 E/t, qui représente 15 E/ 1 000 l de perte pour l’éleveur. Sans oublier le GNR, les bâches, les filets, etc. Cette augmentation des charges est encaissée encore une fois par les agriculteurs car elle n’est pas suffisamment répercutée sur le prix de vente, comme cela devrait être le cas selon la loi EGAlim.
En France, la revente à perte est interdite. Or, les agriculteurs y sont obligés, avec la vente des veaux mâles qui sont parfois revendus moins de 50 E ! Cette somme ne couvre même pas le prix de l’insémination artificielle, la boucle BVD et les quinze jours de pension dans la nurserie. Les éleveurs prennent de plein fouet la hausse des charges, mais certains quittent le bateau, comme les quarante et une exploitations de chez Sodiaal Nord qui ont arrêté la production laitière en un an.
La production laitière en France connaît une forte hausse des charges, un recul de la production, des arrêts et une rémunération qui ne suit pas la hausse des charges, voici le tableau que nous dressons en tant que syndicat de producteur. Celui-ci est beaucoup plus négatif que le PDG de Lactalis. Notre bilan est d’autant plus amer que cette semaine a eu lieu un colloque sur la souveraineté alimentaire avec les pouvoirs publics.
Quand les entreprises vont-elles annoncer les prix objectifs 2021, comme il est écrit dans la Loi EGAlim ? Aujourd’hui, nous sommes pratiquement à la moitié de l’année et les entreprises restent muettes. Quand la conjoncture est mauvaise, le prix payé chute sans tarder mais quand il s’agit d’augmentation… On ne retrouve pas cette même rapidité. Il y a un effet prix dans les GMS et sur les consommateurs, les marchés mondiaux sont porteurs, les industriels doivent arrêter de faire un excès de précaution et le prix payé au producteur doit augmenter ! Après ses belles paroles, il est temps que le PDG de Lactalis passe à l’acte.
Nous vous invitons à interpeller vos laiteries, que ce soit lors d’une AG ou via votre délégué local sur la répercussion des hausses des charges et l’amélioration du prix grâce au marché mondial. N’attendez plus !
Valentin Crimet, Président de l’UPLP