Piloter son exploitation avec un tableau de bord : EBE

Comme dans toute entreprise, le chef d’exploitation, que ce soit une activité à dominante céréales ou élevage a besoin d’un tableau de bord pour gérer sa trésorerie. Cet outil est indispensable à la tenue d’un équilibre financier.

Les producteurs de lait, chahutés depuis trois années, par des baisses à répétition et, les céréaliers cette année n’utilisent pas forcément le tableau de bord encore appelé budget de trésorerie, pour surveiller leurs flux financiers. C’est pourtant un allié indispensable à une bonne gestion. Il permet d’apprécier l’évolution de la trésorerie d’une exploitation ou d’une activité. Pour toute exploitation, la recherche de l’équilibre correspond souvent au chiffre d’affaires nécessaire pour faire face aux frais liés à l’activité, aux échéances bancaires et aux besoins privés de l’exploitant.
C’est un instrument essentiel pour mesurer la capacité de l’exploitation à résister aux fluctuations du prix du lait ou des céréales, mais aussi aux chutes de rendement. Il représente le seuil à partir duquel l’exploitation dégage de la trésorerie ou en perd. Dans le cas d’une situation tendue, le budget trésorerie permet d’identifier les périodes pendant lesquelles les besoins sont les plus importants. En fonction du déficit de trésorerie, il faudra envisager : soit le recours à une ouverture de crédit (solution moins coûteuse que le crédit fournisseur), qui permettra de faire face à un éventuel aléa et permettra d’attendre le versement d’acompte des aides DPB ou du solde, soit à un emprunt court terme pour financer le cycle de production. Bien entendu, le recours au prêt de trésorerie doit permettre de «respirer» tout en veillant de ne pas «s’asphyxier».
Quand la situation devient plus difficile en raison de chute importante. Piloter son exploitation avec un tableau de bord de prix ou d’imprévu, il faudrait certainement revoir la structure de l’exploitation : renégocier et allonger la durée des emprunts, financer par emprunt des investissements qui ont été autofinancés ou encore reprendre par un emprunt moyen terme des prêts à court terme. Dans tous les cas, le banquier est au cœur de la décision. Avant de le solliciter, il est impératif de préparer son argumentaire, car il faudra le convaincre, souvent cela se fait avec l’aide du conseiller d’entreprise ou encore le comptable. L’objectif premier est de démontrer que l’exploitation est structurellement viable et que la demande de financement vise à remettre l’exploitation sur les rails.

Connaître et déterminer son EBE
Prenons l’exemple d’un producteur laitier et céréalier. Il souhaite connaître son équilibre financier prévisionnel afin de mieux piloter son exploitation en période de crise. Pour cela, il doit en premier temps déterminer et mesurer son excédent brut d’exploitation (EBE) qu’il doit dégager pour faire face : aux annuités, aux besoins de la famille et aux éventuels imprévus (réparation de matériel, petit investissement, acquisition de parts sociales, …). A partir de là, on peut définir l’objectif de production à atteindre.
Compte tenu des différentes hypothèses retenues, avec l’aide de son comptable ou de son conseiller, il doit déterminer son équilibre financier à atteindre. Pour réaliser ce calcul, il faut partir de l’objectif d’EBE auquel on ajoute les charges proportionnelles et de structures (excepté les amortissements et les frais financiers). Autrement dit, il s’agit de la somme à dépenser pour faire fonctionner la totalité de l’exploitation.
Une fois établi ce tableau de simulation économique, l’exploitant doit «impérativement» produire et réaliser la production de lait et de céréales comme il l’a estimé pour trouver son équilibre financier. S’il ne peut obtenir ce niveau de prix et de rendement, il devra faire appel à un découvert bancaire ou un court terme, afin de passer le «mauvais moment». Si les prix stagnent ou baisse encore, il faudra réduire ses charges, et limité les investissements à venir.

Voici un tableau permettant de déterminer son équilibre financier:

Calcul de l’EBE à atteindre est égal aux:
Besoins privés de l’exploitant
+ Annuités (capital et intérêts) des emprunts à la banque
+ Autofinancement et marge de sécurité
Détermine l’objectif d’EBE à atteindre
Objectif d’EBE à réaliser est égal aux:
Charges de structure de l’exploitation (hors amortissement et frais financiers)
+ Charges proportionnelles activité lait
+ Charges proportionnelles activités céréales et autres
Fixe le chiffre d’affaires à réaliser de l’exploitation
Calcul de l’équilibre financier
Chiffre d’affaires à réaliser de l’exploitation est égal aux Produit vaches de réforme et veaux
+ Produit cultures de vente céréales et autres à calculer avec un prix moyen et un rendement que l’exploitation peut réaliser
+ Produit du lait avec un prix moyen et un litrage prévisionnel
+ DPB et divers (indemnités d’assurance,…)